Sécurisation ou racket ?

06 novembre 2017

LEUR SOCIÉTÉ

Le 21 septembre a débuté l’opération « épervier 3 ». Selon les autorités, elle vise à traquer les « microbes » et à garantir la sécurité des biens et des personnes. Mais sur le terrain, la réalité est tout autre. A Gesco par exemple, un sous-quartier de Yopougon, les forces de l’ordre ont débarqué de façon musclée. Elles ont procédé à une rafle générale de jeunes ayant par exemple des cheveux « dread » ou teints. Par la suite, elles ont embarqué avec elles tous les jeunes croisés sur leur chemin. C’est comme ça que de jeunes ouvriers se sont retrouvés dans le lot des détenus, certains ont été relâchés après avoir payé une somme. Quant aux autres détenus, ils ont été conduits en prison en attendant que des parents viennent payer pour leur libération. Une femme recherchant son fils depuis 3 jours a été informée que ce dernier est détenu en prison parce que supposé délinquant. Elle a dû faire appel à des parents qui ont permis la libération de son fils. Cette situation fait que dès la vue des forces de l’ordre dans le quartier, c’est le sauve-qui-peut.

De même à Abobo Belle ville, le 20 Octobre dernier, des corps habillés ont fait une descente musclée. Dès 6 heures du matin, ils ont commencé une rafle générale. Tous ceux qui allaient au boulot et qu’ils croisaient sur leur chemin étaient automatiquement embarqués ; même des boutiquiers en activité dans leur boutique ont été embarqués. Pour être libéré, il fallait payer la somme de 5000 F après beaucoup de négociations. Ce qui n’a pas manqué de susciter l’indignation des populations.

Les forces de l’ordre agissent dans les quartiers pauvres comme si elles avaient affaire à des bandits de grand chemin. Les « microbes » rackettent la population avec des armes blanches. Et les forces de l’ordre, dans le cadre de l’opération « épervier 3 », rackettent également la population avec des fusils et des cargos. Au final, on ne sait plus qui craindre le plus.