Éditorial

Le bling-bling des jeux de la francophonie ne peut pas camoufler la misère !

15 août 2017

ÉDITORIAL

C’est avec faste et tintamarre que le gouvernement a ouvert les 8èmes jeux de la francophonie au stade Houphouët Boigny le vendredi 21 juillet 2017.

Il n’a pas lésiné sur les moyens. En moins d’un an, 33 bâtiments sont sortis de terres tous équipés, climatisation comprise, pour accueillir 4000 personnes. Il s’agit d’un complexe avec un centre médical, des gymnases, une piscine, plusieurs terrains de jeux pour différentes disciplines sportives, etc.

Des milliards ont été engloutis pour présenter la Côte d’Ivoire dans ses plus beaux habits, car ceux qui gouvernent veulent cacher la misère aux visiteurs. Les façades de certains bâtiments ont été badigeonnées de peinture, même les tracés des principales voies ont été refaits.

Le gouvernement a ainsi montré que des moyens, il en a. L’argent qu’il a dépensé pour organiser ces jeux, il aurait pu l’utiliser pour améliorer la vie dans les quartiers pauvres où habitent les travailleurs ainsi que la grande majorité de la population. Ici tout fait défaut, à commencer par l’eau, l’électricité, les canalisations, les centres de santé, etc. À Koumassi par exemple, situé à proximité des lieux où se tiennent les jeux, les canalisations sont bouchées. Mais quand il s’agit de lieux d’habitation populaire, l’État est complètement absent.

Les Gbagka et les Wôrô-wôrô sont interdits de passage sur le boulevard VGE, la principale voie qui mène à l’aéroport, sous peine d’une forte amende. Cela, pour cacher ces tombeaux roulants que les travailleurs empruntent chaque jour pour se rendre sur leur lieu de travail. Du coup, ces véhicules de transport en commun sont obligés d’emprunter de petites voies parallèles qui sont très vite saturées et littéralement bloquées aux heures de pointe.

Dans ce pays où les riches étalent leurs richesses qu’ils tirent de l’exploitation des travailleurs, où un gouvernement en mal de publicité montre ses parures dorées, la situation des travailleurs et des classes laborieuses ne cesse de s’aggraver. De moins en moins de gens mangent à leur faim. La grande majorité de la population habite des taudis et n’a même pas les moyens de scolariser et de soigner normalement ses enfants.

C’est ce même gouvernement qui refuse de décaisser les arriérés des salaires qu’il doit aux fonctionnaires. Il n’aurait pas la même attitude méprisante envers ses petits employés si ceux-ci décidaient de se faire entendre en perturbant le déroulement de ces jeux. En tout cas, ce ne sont certainement pas les populations pauvres qui se plaindraient si le déroulement des jeux était perturbé par des grèves et des manifestations de colère des travailleurs criant leur ras-le-bol !