Insécurité à Abobo : un écran de fumée !
Abobo est la commune la plus peuplée de Côte d’Ivoire avec plus de 1,5 millions d’habitants. L’insécurité y est montée d’un cran suite à la crise post-électorale avec l’apparition de jeunes délinquants avec un nouveau mode opératoire. Des jeunes (10 à 25 ans) en bande et pour la plupart armés d’armes blanches font des descentes éclaires dans certaines rues de la commune pour dépouiller tous ceux qui croisent leur chemin. Il n’est pas rare qu’ils laissent des blessés, voire même des morts dans leur sillage. Dans la dernière semaine du mois de mai, ces bandes ont sévi faisant un mort et s’en prenant même aux cars de transport en commun.
Face à l’indignation produit au sein de la population, le ministère de la sécurité a lancé une « opération de sécurisation » de la commune d’Abobo dénommé « épervier 2 ». Elle mobiliserait 3.500 agents des différentes forces de sécurités. Son objectif prétendu est de traquer les délinquants et sécuriser notamment. Une opération semblable avait eu lieu il y a quelques mois et avait abouti à l’interpellation de plus de 600 jeunes.
Ces forces de l’ordre préfèrent rester sur les grandes artères de la commune, plus occupés à enquiquiner les chauffeurs de gbaka et autres woro-woro qu’à traquer les malfrats. Quand des opérations ont eu lieu, c’est à l’aveuglette : les force de l’ordre encerclent un secteur et piochent dans le tas à la tête du client. Aussitôt qu’ils quittent les lieux, tout se reconstitue évidemment comme si rien ne s’était passé. Les vrais caïds n’ayant pas été touchés.
Pour qui connait Abobo, nombre de quartiers ne sont pas accessibles en voiture et c’est à pieds qu’on y accède. En cas d’agression, il est rare que les policiers, quand ils se décident à intervenir, arrivent à temps. Aussi il faut noter qu’Abobo enregistre le plus haut taux de chômage de la ville d’Abidjan. C’est la commune la plus pauvre. La population vit en grande partie de petits boulots et de débrouillardise. Il y est donc plus facile pour les jeunes de basculer dans la délinquance.
Le bilan officiel de l’opération Épervier 2 sur Abobo à la mi-juin est de 595 individus interpellés, 38 fumoirs détruits et 03 champs de cannabis brûlés. Mais tant que le désœuvrement continuera, des jeunes continueront à tomber dans la délinquance. Et si quelques caïds venaient à être pris dans les mailles du filet, il s’en trouvera toujours d’autres pour occuper les places laissées vacantes.