Darling : un mouvement d’humeur qui ne doit pas s’arrêter là

03 mai 2017

À l’usine Darling 2 de Yopougon, les travailleurs ont fait un débrayage les 20 et 21 mars. Tout a commencé avec les journaliers de la section super-mèches.

Le patron doit payer au jour le jour les journaliers mais il n’a jamais tenu promesse. Alors que les ouvriers travaillent une semaine sur deux ou deux semaines sur quatre dans le mois, le patron de son côté n’hésite pas à reporter le payement de la quinzaine. C’est au travailleur lorsqu’il est de repos de chercher à joindre le service de la paie et à se déplacer pour prendre son salaire lorsque celui-ci est enfin disponible. Et chaque fois c’est pareil. C’est ainsi que la semaine d’avant le mouvement, après cinq jours de travail, le patron n’en a payé qu’un seul. Aussi, le matin du lundi 20 mars, les travailleurs sont allés réclamer leur dû. Devant la mauvaise foi de la direction, les travailleurs d’une section ont décidé de faire un débrayage. Aussitôt le grand patron a fait venir policiers, huissier et inspecteurs du travail, mais il a fini par payer.

Le lendemain, l’entrée de l’usine a été interdite à ceux qui avaient fait le débrayage. Alors, les autres travailleurs ont décidé, par solidarité avec leurs collègues restés dehors, de ne pas rentrer dans l’usine.

Le patron a alors fait fermer son usine et a de nouveau fait venir huissier, policiers et inspecteur du travail, acquis à sa cause. En fin de compte, notre solidarité a payé et il a dû discuter avec nos délégués. Ceux qui avaient fait le débrayage le lundi ont repris vendredi et les autres jeudi. Depuis, le patron n’a pas voulu nous payer les jours de grève. Il a même volé à la section super-mèches la demi-journée de travail du lundi.

Néanmoins, nous avons obtenu le non-renvoi de nos collègues et ce n’est pas rien. Mais la lutte ne peut s’arrêter là vu les conditions de travail dans cette usine. La cadence augmente chaque fois et les salaires n’évoluent pas. En dix ans, la production a plus que doublé sans que les moyens de production n’aient changé !

Pour un oui ou pour un non, un travailleur peut être jeté à la rue comme une peau de banane, d’autant plus s’il s’agit d’un journalier. Certains d’entre eux ont souvent 10 à 15 ans d’ancienneté !

Ce mouvement nous a permis au moins de prendre conscience que nous avons une capacité de mobilisation. Il y a tellement longtemps que nous encaissons des coups des patrons que certains d’entre eux ont été effrayés de notre réaction. C’est un bon signe pour nos prochaines luttes.