Éditorial

Nouvelle constitution : ne pas se laisser duper par la guéguerre entre l’opposition et le pouvoir

14 novembre 2016

ÉDITORIAL

Selon le résultat officiel du référendum, la nouvelle constitution sauce Ouattara a été validée avec 93,42% de votes en faveur du « oui ». Du coup, Ouattara a fanfaronné en déclarant qu’il s’agit-là d’un « plébiscite » en sa faveur. Mais en réalité il n’y a pas de quoi pavoiser quand on sait que le taux de participation tourne autour de 42%. Sur environ 6,3 millions inscrits, seulement un peu plus de 2,6 ont fait le déplacement pour voter. Le nombre de votant pour le « oui » ne représente même pas la moitié du nombre d’habitants du seul district d’Abidjan, cela pour toute la Côte d’Ivoire ! Sans compter le bourrage massif des urnes qu’on peut aisément imaginer de la part des tenants du pouvoir.

Selon les chiffres officiels eux-mêmes, le taux de participation à Yamoussoukro est en dessous de 20%, San Pédro 18%, Gagnoa 17%, Dabou 11%. Comme plébiscite, il y a mieux !

Si « plébiscite » il y a, il est peut-être dans les régions nord, bastion du pouvoir en place où le bourrage des urnes devait être encore plus massif et général. A cela s’ajoute peut-être un vote à caractère ethnique des gens qui se laissent encore duper par des considérations ethniques et tribales.

Du côté de l’opposition, les dirigeants crient aussi à la « victoire ». Ils avaient appelé au boycott et font croire que les plus de la moitié des électeurs qui n’ont pas pris part au vote sont de leur côté. En réalité il est impossible de compter le nombre de gens qui ont choisi de boycotter pour affirmer leur position en faveur de l’opposition.

Mais d’un autre côté, ils ne peuvent pas non plus cacher le fait que les marches et autres manifestations qu’ils ont organisées avant le vote n’ont pas attiré des foules. Et ce n’est pas seulement à cause de la dictature en place. Les gens ont déjà vu pire

Les partis de l’opposition, FPI en tête, veulent constituer un « Front du refus » et envisagent de mobiliser leurs partisans pour refuser la nouvelle Constitution puisque selon eux elle a été massivement boycottée. Ils veulent montrer qu’ils existent et leur véritable ambition c’est de revenir de nouveaux au pouvoir pour accéder à la soupe et piller les caisses de l’État !

Pour les travailleurs, il n’y a ni gagnants ni perdants dans ce référendum. Ils n’ont aucun intérêt à se laisser entraîner dans cette division stérile entre le camp du « oui » et celui du « non » car leur sort ne dépend pas du changement de numéro de la Constitution.

Le véritable espoir de changement se trouve sur le terrain de la lutte de classes, c’est-à-dire, dans les usines, dans les chantiers, là où les travailleurs peuvent se mobiliser et lutter pour imposer leurs revendications et leur droit à une vie décente.

Les enseignants et les employés de la Fonction publique qui ont appelé à des journées de grève entre le 7 et le 11 novembre ont bien raison et on ne peut que souhaiter que cette grève soit suivie et que cela encourage de nombreux travailleurs à s’engager dans la lutte, à commencer par les travailleurs de l’industrie, du bâtiment, du port, etc. dont la situation ne cesse de se dégrader.