Autosatisfaction du directeur général de la CNPS, pendant que la grande majorité des travailleurs ne bénéficient pas de sécurité sociale

14 novembre 2016

LEUR SOCIÉTÉ

Le directeur général de la CNPS a accordé une interview au journal pro gouvernemental « Fraternité-Matin ». Il reconnaît d’entrée que ce n’est qu’une toute petite minorité de travailleurs qui bénéficie de la sécurité sociale, secteurs privé et public confondus. Quelques points de son discours demandent des commentaires.

Il parle de 600 000 travailleurs embauchés dans le secteur privé. Mais ce chiffre ne concerne pas les centaines de milliers d’autres travailleurs, notamment les journaliers qui travaillent dans des entreprises et qui ne bénéficient d’aucune couverture sociale. Le gouvernement, épaulé par la CNPS, pourrait s’attaquer à toutes ces entreprises qui ne déclarent pas leurs travailleurs à la CNPS.

Mais il préfère plutôt s’attaquer notamment aux bana-bana et autres petites gens qui se débrouillent pour survivre que ce Monsieur nomme par «travailleurs indépendants » et qu’il voudrait taxer. Cette catégorie représenterait selon ses chiffres plus de huit millions de personnes. Le gouvernement et la CNPS voudraient bien trouver les moyens de les pressurer. Voilà pourquoi ils souhaitent rendre leur affiliation à la CNPS obligatoire.

Ensuite, le nouveau mode de calcul de la pension se fait sur la base des quinze meilleures années de salaires au lieu des dix dans l’ancien système. Il ne faut pas être grand mathématicien pour voir que ce nouveau mode de calcul diminue forcément la pension du retraité car généralement, les meilleures années de salaires se retrouvent en fin de carrière. Plus la période considérée est longue, plus elle prend en compte de moins bons salaires.

À propos des allocations familiales qui sont censées « soulager les familles du fait de la naissance des enfants et alléger les charges de famille », d’après ses dires. Il met en avant le fait que les allocations familiales sont passées de 1 500 F à 2 500 puis à 5 000 f sous son impulsion. Si pour des milliers de familles, cette augmentation est la bienvenue parce que 1 500 f ne répondait plus à la réalité, beaucoup reste à faire pour que ce montant puisse permettre de réellement prendre en charge les enfants. 5 000 f par mois représentent moins de 200 fr par jour !

Enfin, il a parlé des pensions qui ont été revalorisées de 8% en 2014 puis de 4% en 2016. Mais non seulement elles ont été bloquées pendant de nombreuses années, mais le taux de cotisation perçu par la CNPS a lui aussi été augmenté. Ce n’est donc qu’un juste retour des choses !

De surcroît, le montant de la pension étant lui-même dérisoire au départ, ces revalorisations ne représentent pas grand-chose, sans même parler du coût de la vie qui ne cesse d’augmenter.

Autant dire que ce ne sont pas quelques plâtres ici et là ou des effets d’annonce qui résoudront la misère. C’est d’une réelle amélioration de leurs conditions de vie dont les travailleurs ont besoin. Mais ça, ce sont eux-mêmes qui peuvent l’imposer à travers leurs luttes collectives.