Leurs débats sur la réforme constitutionnelle, c’est de la poudre aux yeux pour masquer les vrais problèmes

22 septembre 2016

Depuis plusieurs mois, la vie politique en Côte d’Ivoire tourne autour de la question du projet de la réforme constitutionnelle que Ouattara a décidé de soumettre au référendum à la fin du mois d’octobre de cette année.

Il veut créer un poste de vice-président qui prendrait la place de chef de l’État en cas de vacance de pouvoir, un sénat dont les membres ne seraient pas élus mais désignés, une « Chambre des rois » où siègeront des roitelets traditionnels bénéficiant de salaires et autres avantages aux frais de l’État. C’est ainsi qu’il veut, selon ses propres termes, « promouvoir la culture et les valeurs de la Côte d’Ivoire nouvelle ». Remettre ces parasites fossiles du Moyen Ȃge africain au goût du jour, c’est cela sa conception de la « nouvelle Côte d’Ivoire » !

Certains dirigeants de l’opposition lui reprochent de vouloir instaurer « un exécutif tricéphale », de « choisir son successeur ». D’autres, ou les mêmes, lui reprochent, peut-être non sans raison, d’avoir des « intentions cachées ». Du coup, des proches de Ouattara se sont sentis obligés de prendre la parole pour dire que leur chef n’a pas l’intention de briguer un troisième mandat (chose que l’actuelle Constitution lui interdit).

Il est aussi question de modifier l’article controversé de la loi dite fondamentale qui stipule que pour avoir le droit de briguer le poste de président de la République, il faut être « né de père et de mère ivoiriens, eux-mêmes ivoiriens d’origine  ». C’est cela qui a dans le passé servi de prétexte à Bédié puis à Gbagbo pour écarter par deux fois Ouattara de la candidature à la présidence au nom de sa « nationalité douteuse ». Il s’en est suivi toute une propagande haineuse autour de « l’Ivoirité » à laquelle Bédié et Gbagbo ont participé. Cela s’est traduit par des massacres à caractères ethniques puis par la partition du pays entre le nord et le sud. Il y a eu ensuite une guerre civile atroce qui a fait des milliers de morts et des dizaines de milliers de déplacés. Alors, tant mieux si on supprime des lois qui enveniment la coexistence entre les différentes populations et ethnies de ce pays. Mais sachons que ce ne sont pas les lois qui empêcheront demain les politiciens d’entrainer de nouveau les populations dans un bain de sang pour assouvir leurs ambitions personnelles.

Le principal parti de l’opposition, le FPI de l’ex-président Gbagbo, fait feu de tout bois et essaye de mobiliser ses troupes pour s’opposer à toute modification de la Constitution tant qu’un « consensus » ne serait pas trouvé entre le pouvoir et lui sur l’ensemble des textes. Il remplit des pages et des pages de ses publications par des débats fumeux entre des prétendus constitutionnalistes. Ce faisant, il ne fait que rendre un service au pouvoir de Ouattara car pendant que les uns et les autres se focalisent là-dessus, on ne parle ni de la vie chère, ni des salaires de misère, ni de divers autres problèmes dont souffrent les populations pauvres de ce pays. Or, ce sont les réponses à ses questions-là qui sont vitales.