« Déguerpissement » des petits commerces : une attaque de plus contre les pauvres !
Tout le mois d’août a été marqué par une vaste opération de déguerpissement des petits commerçants et vendeurs ambulants aux abords des trottoirs d’Abidjan. L’épisode le plus récent a eu lieu dans la commune d’Adjamé. On a assisté à des batailles rangées entre commerçants et forces de l’ordre. C’est à coups de tirs de sommation de kalachnikov que les foules hostiles ont été dispersées avant que les bulldozers et autres pelleteuses n’entrent en action pour réduire en tas de gravats les étals et autres structures métalliques faisant office de magasin.
Ce sont des milliers de petites gens n’ayant pour seule activité de survie que ces petits commerces qui sont ainsi mises en difficulté. Il n’est donc pas surprenant qu’à peine les forces de l’ordre ont-ils tourné le talon, des étalages à même le sol ont refait leur apparition. Comment pourrait-il en être autrement puisque le gouvernement, n’offre aucune possibilité de recasement sur d’autres sites ?
La raison principale de la généralisation de la débrouillardise et du petit commerce de rue, c’est l’explosion du chômage et de la misère dans le pays. Tant que ce problème ne sera pas résolu, les bulldozers n’y pourront rien.
Dans les zones industrielles, les travailleurs, sont bien placés pour savoir à quel point le système journalier se généralise. Or, être un journalier c’est être un chômeur en sursis, car on peut se retrouver sur le carreau à tout moment. Même pour ceux qui ont la « chance » d’avoir un travail régulier, le salaire est rarement suffisant pour couvrir les besoins les plus élémentaires de la famille. Pour joindre les deux bouts, les femmes de travailleurs et même souvent les enfants sont contraints de faire du petit commerce devant les courées, aux abords des routes et des trottoirs des grandes artères, de sorte que certains quartiers d’Abidjan ont des allures de marché à ciel ouvert. Et c’est justement à ceux-là que s’en prend le pouvoir public. Les dirigeants politiques au pouvoir, bien qu’ils soient incapables de juguler un tant soit peu le chômage et la misère grandissante, ne voudraient pas que leur vue supporte l’étalage de cette misère.
Alors, sous le prétexte de lutter contre l’insalubrité, les autorités veulent chasser les petites gens des abords au moins des grands artères. L’approche des jeux de la Francophonie y est aussi pour quelque chose ; il faut cacher les pauvres avant le début des jeux durant lesquels Abidjan sera sous le feu des projecteurs. Ces gens oublient qu’à trop vouloir tirer sur la corde, elle finit par casser !