Éditorial

Le capitalisme : un système qu’il faut renverser !

13 juin 2016

Qui l’eut cru ? La famine a fait son apparition en Côte d’Ivoire, dans ce pays où il ne manque pourtant ni eau, ni terre à cultiver ! C’est d’autant plus révoltant que ce pays est le premier producteur mondial de cacao et de noix de cajou, par ailleurs, grand producteur d’hévéa, de palmier à l’huile, de café, de coton et autres bananes douces . Le Premier ministre se vantait même, il y a de cela quelques semaines, d’une production « en croissance de 31% » entre 2011 et 2015, en parlant de ces « cultures de rentes » cultivées pour enrichir les capitalistes de l’agro-industrie, à commencer par les multinationales basées aux États-Unis et en France. Selon ce monsieur, cette augmentation ne s’est pas faite au détriment des cultures vivrières qui auraient elles aussi effectué « un bond de 46% » durant cette même période ! Comment explique-t-il alors, que la majorité de la population souffre aujourd’hui de faim ?

Même dans les villages autour de la ville de Yamoussoukro, en plein centre de la Côte d’Ivoire, les populations sont réduites à manger un seul repas tous les deux jours. Pourquoi ? Parce que leur production d’ignames n’a pas été bonne ? Et alors, ils doivent crever de faim à cause de cela ? Comment se fait-il qu’ils n’ont pas, non plus, les moyens financiers pour se ravitailler en victuailles dans la ville de Yamoussoukro, eux qui triment toute leur vie aux champs ?

À Abidjan, non plus, la situation n’est pas meilleure, pour beaucoup de familles de travailleurs. Impossible d’acheter des produits vivriers comme l’igname, le manioc, la banane plantain, la tomate, l’aubergine, tellement les prix ont flambé, comme ceux de tout le reste. Les salaires, eux, sont bloqués et ne permettent pas aux travailleurs de maintenir leur pouvoir d’achat déjà maigre.

Les centres commerciaux huppés et les marchés sont pourtant bien ravitaillés. Mais les pauvres qui constituent la grande majorité de la population n’ont pas les moyens d’acheter. La situation est si grave que même le gouvernement ne peut plus faire semblant d’ignorer cette réalité. Ainsi, ce problème de famine a été soulevé lors d’un récent conseil des ministres, mais, évidemment, les solutions proposées pour résoudre le problème n’en sont pas. Et pour cause ! Le gouvernement ne veut pas toucher aux intérêts des riches !

Alors, il incrimine « le changement climatique », les « feux de brousse » ; « l’indisponibilité des semences » ; la « non maîtrise des circuits de commercialisations » ; un « problème d’encadrement des producteurs », etc. Comme chacun peut en juger, ce ne sont là que des explications partielles et même secondaires, pour ne pas dire fallacieuses !

Qu’il y ait eu un problème de pluviométrie, cela personne n’en doute. D’ailleurs, comment se fait-il qu’aucune mesure n’ait été prise pour le prévenir ? Pourquoi, ce serait donc maintenant aux pauvres d’en faire les frais ? Pourquoi les salaires ne sont pas relevés au rythme de l’inflation ? Pourquoi la production vivrière ne bénéficie-t-elle pas d’un système d’adduction d’eau, dans ce pays où l’eau ne manque pas ?

Dans la société capitaliste, les travailleurs sont des laissés-pour-compte. Ce sont pourtant eux qui produisent les richesses.

Ainsi, il n’y aurait pas un seul immeuble qui sortirait de terre sans le travail des ouvriers du bâtiment. Pas plus, qu’il n’y aurait d’écoles, d’hôpitaux, de transport en commun, sans les enseignants, les infirmiers, les aides-soignants et sans les chauffeurs de car et de bus. Et pourtant ce sont tous ces gens, sans le travail desquels il n’y aurait pas d’économie, qui constituent la grande majorité de la population, qui n’arrivent pas à se nourrir, à se soigner, à se loger correctement.

En attendant que les travailleurs soient en capacité de dégager les capitalistes de la direction de l’économie et de la société, ils peuvent les obliger, eux et leur gouvernement, à prendre des mesures dans le sens de leurs intérêts.