Parole de ministre !
LEUR SOCIÉTÉ
La presse a fait cas récemment de la réception par la Sotra, l’entreprise étatique de transport public, de 127 autobus. Une cérémonie officielle de réception de ces véhicules a été organisée au cours de laquelle le ministre du Transport a dit que ces bus « assureront un déplacement sûr et mieux sécurisé aux populations d’Abidjan ». Ce sont des paroles de quelqu’un qui n’emprunte pas les transports en commun pour se déplacer.
Chaque année, la direction de cette entreprise annonce l’arrivée de nouveaux véhicules de transport sans que cela ait une quelconque incidence sur la situation du transport.
Depuis plusieurs années, l’État s’est en réalité désengagé du transport public alors que la population n’a cessé de s’accroitre. Le peu de bus restants sont pour beaucoup vétustes, surexploités et pas entretenus. Résultat, ces véhicules tombent très souvent en panne en plein trajet. Récemment un bus a pris feu tout seul à la montée du pont Houphouët. Heureusement, il n’y a pas eu de victimes à déplorer car les passagers se sont empressés de se sauver.
La place a été donc laissée aux Gbakas, aux Woro woro, aux « véhicules de transport banalisés ». Ainsi, se déplacer dans la ville d’Abidjan surtout aux heures de pointe, relève d’un véritable parcours du combattant, ce qui ouvre la porte à toutes les spéculations sur le prix du transport.
Sur les chantiers, dans le secteur du bâtiment, les patrons ne se gênent pas pour transporter les ouvriers carrément dans des bennes à sable comme du bétail. A la zone industrielle de Yopougon par exemple, ce sont des « Hyaces » (des petites fourgonnettes transformées en véhicules de transport de personnes) qui assurent le transport des travailleurs. Il va de soi que les places sont serrées car ce ne sont pas des véhicules destinés à cet usage. Là encore, les travailleurs sont entassés comme des sardines en boîte. Ces véhicules sont rarement entretenus. Les pannes sont fréquentes et les risques d’accidents élevés. Aux heures de pointe, on n’en trouve même pas. Les files d’attentes s’allongent. L’attente peut souvent durer des heures.
Alors les dirigeants peuvent faire des discours, la réalité est là.