Éditorial

Le battage médiatique autour des procès ne doit pas nous faire oublier l’essentiel

25 février 2016

Éditorial

Depuis quelques temps toute la presse ne parle que des procès de Gbagbo et Blé Goudé à la Haye, de celui de l’assassinat de Guéi ou de l’affaire des « écoutes téléphoniques » de Soro Guillaume. Cela remplit les pages des quotidiens mais pour le monde du travail quelle est vraiment l’importance de toutes ces affaires ?

Feu Guéi et Gbagbo ont tous deux exercé le pouvoir au sommet de l’État. Soro et Blé Goudé l’ont exercé à un niveau plus bas, mais tous ont servi les intérêts des capitalistes. Ils ont montré tout le mépris qu’ils ont envers les classes laborieuses. C’est ce même mépris qui est affiché par les tenants du pouvoir actuel. Tous ces gens-là sont des ennemis des travailleurs.

À l’occasion de ces procès et de « l’affaire » du coup d’État au Burkina Faso dans lequel Soro serait mouillé, les propagandes démagogiques et mensongères des uns et des autres vont bon train. On voit ressurgir des idées ethniques, xénophobes et de repli sur soi. Cela a été illustré tout dernièrement par une série de reportages dans des villages bété ou yacouba. On veut nous faire croire que tous les Bété sont du même bord et qu’ils doivent supporter leur frère, de même pour les Yacouba. Cela a aussi été illustré par des slogans du genre : « tous les Ivoiriens derrière leur président de l’Assemblée nationale », etc.

Toute cette propagande va à l’encontre des intérêts des travailleurs. Elle sert à les diviser. Et pendant que des pages entières de la presse bourgeoise sont consacrées à ces procès, des luttes importantes des travailleurs pour leur dignité, pour l’amélioration de leurs conditions de travail et d’existence sont passées sous silence et tombent dans l’oubli.

Les gouvernants et la presse qui les flattent, ont fait peu de cas sur la grève des travailleurs de Sucaf à Ferkessédougou qui ont lutté contre les bas salaires et contre les licenciements, ou celle des travailleurs de Pétroci qui refusent le départ forcé des 58 salariés. La lutte courageuse des travailleurs pour leur dignité ne bénéficie pas d’autant de publicité parce que ceux qui nous gouvernent ont peur que les travailleurs d’autres entreprises qui vivent des conditions similaires ne prennent connaissance et rentrent à leur tour dans le mouvement. Oui, ce n’est pas seulement à Sucaf ou à Pétroci que les travailleurs sont ou seront confrontés à des menaces de licenciements ou de diminutions de salaires. Ce qui se passe là, n’est qu’un début et sans réaction des travailleurs, ces attaques risquent de s’abattre sur d’autres entreprises.

Le pouvoir et ses porte-plume de la presse font tout pour endormir la conscience des travailleurs à ne pas lutter, ils nous bassinent avec des exemples nous invitant à la soumission et à l’embrigadement. C’est ce que fait par exemple le préfet de la région de Bouaké en demandant que les salariés saluent le drapeau chaque mois avant la prise du service. Il y a aussi cette autre idée de l’«Ivoirien nouveau » que les griots de la classe bourgeoise répètent à longueur de journée pour soi-disant nous inciter à travailler plus. D’abord, c’est une insulte aux travailleurs qui toute leur vie ne font que travailler. Eux, les faiseurs d’opinion qui vivent en parasite, veulent nous faire croire que c’est parce qu’on ne travaille pas beaucoup que l’on est pauvre.

Aujourd’hui, on parle du « boom économique » dans le pays. Cela se voit par des magasins de luxe qui poussent partout. C’est le signe qu’il y a une petite et grande bourgeoisie qui s’en sort bien. Mais tout cela repose sur l’exploitation effrénée de l’homme par l’homme que subissent les travailleurs.

C’est pourquoi ceux qui luttent contre ces attaques ont tout à fait raison car toute la richesse dont jouissent ces bourgeois, c’est la classe ouvrière qui la crée. Alors, comme dit un dicton d’ici, « il faut quitter dans ça ! ». Et les travailleurs ont vraiment intérêt à quitter dans ça, mais pour cela, le chemin c’est la lutte !