SEG : un débrayage victorieux

25 février 2016

Le quotidien des travailleurs

SEG (Société d’Entreprise et de Gestion) est chargée de la construction de 8000 logements à Anyama, dans la banlieue nord d’Abidjan.

Les travaux de cette cité-ville ont démarré depuis fin 2013. Après plus d’un an, quelques bâtiments sont sortis de terre mais beaucoup reste à faire. Et comme les travaux n’avancent pas, le directeur des travaux a souhaité que les travailleurs fassent des heures supplémentaires.

Mais puisque les contours de cette demande n’étaient pas bien définis, les travailleurs, au cours d’une réunion, ont décidé d’aller voir le directeur afin qu’il affiche une note de service dans laquelle il mentionnera que ces heures supplémentaires ne sont pas obligatoires et qu’elles seront rémunérées au double. Ces choses n’étant pas clarifiées, le même jour à la descente, le chef chantier a demandé à quatre travailleurs d’aller décharger un camion de briques. Ces derniers ont déclaré qu’ils étaient fatigués et donc pas prêts à faire des heures supplémentaires. Le lendemain 4 février, le chef chantier a refusé l’accès au chantier à ces quatre travailleurs. Informés de cette situation, l’ensemble des travailleurs a décidé d’arrêter le travail pour soutenir leurs camarades.

Malgré cet arrêt de travail, le chef chantier, arrogant comme à son habitude, ne voulait pas céder. Les travailleurs de leur côté, étaient mobilisés et déterminés à ne pas céder aussi. L’écho de l’arrêt des travaux parvenant au directeur, celui-ci ordonne que tous reprennent le travail. Mais vu la détermination des travailleurs, malgré les intimidations du chef chantier, son adjoint est intervenu en disant qu’au lieu du renvoi, il donne une semaine de mise à pied. Ensuite, comme personne ne les écoutait, ils sont revenus sur leur décision pour proposer 3 jours. Ils pensaient qu’en réduisant le nombre de jours, les travailleurs tomberaient dans le jeu. Mais ceux-ci, en voyant que plus le temps passe, plus les chefs se déculottent, ont maintenu leur position en disant  « niet » à cette décision.

Pour ne pas perdre la journée de travail, la direction a pris les choses en main. Elle a obligé ses chefs chantiers à abandonner leurs sanctions. Ces derniers se sont exécutés mais cela a été le coup de grâce contre le chef de chantier qui venait de perdre son autorité face à la mobilisation des travailleurs. C’est aux environs de dix heures que l’ensemble des travailleurs en joie et gonflés par la victoire ont repris le chemin du travail.

Le chef de chantier est sorti en prétextant qu’il est malade ; et depuis ce jour il n’y a plus remis les pieds.

En attendant, les travailleurs restent mobilisés. Ils savent que leur vrai ennemi c’est le patron lui-même. C’est conscients de ce fait qu’ils continuent à mieux s’organiser pour se préparer aux prochaines luttes.