Grève des greffiers, l’État fait comme tous les patrons
Le quotidien des travailleurs
Les greffiers des tribunaux ivoiriens observent depuis le 8 décembre un arrêt de travail pour réclamer l’application de la loi du 3 juillet 2015 relative à leur nouveau statut.
Dans le courant de l’année 2008, une loi avait été votée pour l’amélioration des conditions salariales et de travail des greffiers et des magistrats. Si les juges ont vu depuis lors le changement de leurs statuts, les greffiers eux attendent toujours. Déjà en décembre 2013, ils avaient entamé un mouvement de grève sur cette question.
Cette année encore, ils ont relancé un mouvement pour réclamer l’application leur nouveau statut. En réponse au trois premiers jours de grève, deux des leurs ont été arrêtés et jetés en prison. C’est ainsi que le 18 décembre 2015, la grève a été reconduite pour cinq jours en assemblée générale. Et cette fois-ci, les greffiers réclament aussi la libération de deux de leurs collègues détenus
Le ministre de la Justice a menacé les greffiers grévistes en disant qu’il allait appliquer des sanctions prévues par la loi, dans toute sa rigueur, contre eux. Si ce ministre avait été aussi « rigoureux » dans l’application de la loi, les greffiers n’auraient pas été obligés de se mettre en grève pour forcer l’État à appliquer une loi qu’il a lui-même émise.
Mais les menaces du ministre loin d’ébranler les greffiers, les a plutôt renforcés dans leur détermination et la grève a continué de plus belle.
Le 17 décembre, une « alliance syndicale », certainement fantoche, se réclamant des greffiers a appelé à la reprise du travail dès le lendemain. Mais cet appel n’a pas été suivi d’effet ; les tribunaux sont restés silencieux sur l’ensemble du pays.