École obligatoire : de belles paroles qui ne valent pas un sous !
ÉDITORIAL
Ouattara se fait de la publicité à bon compte en prétendant vouloir rendre l’école obligatoire et gratuite jusqu’à l’âge de 16 ans, en vue, dit-il, de « l’émergence 2020 ». S’il brasse ainsi beaucoup de vent, ça a au moins l’avantage pour lui d’ajouter un grain de plus dans son chapelet de réalisations à venir, qu’il ne manque pas d’égrener lors de ses tournées électorales en cours.
Pour ceux qui s’en souviennent, l’école obligatoire et gratuite figurait aussi dans le « programme » de Laurent Gbagbo. Il n’a pas trouvé l’argent nécessaire pour réaliser cette promesse mais il en a trouvé pour continuer d’engraisser les banquiers occidentaux et les bailleurs de fonds sous forme de milliards de francs engloutis chaque année pour rembourser les prétendues dettes de la Côte d’Ivoire Les pauvres, eux, n’ont jamais vu la couleur de cette masse d’argent mais c’est à eux qu’on a imposé des années durant des sacrifices et des privations de toutes sortes pour rembourser cette dette qui a sans nul doute permis d’engraisser au passage toutes les cliques qui se succèdent au pouvoir.
L’école gratuite n’a jamais été que sur le papier. Les inscriptions sont toujours payantes ainsi que les livres et les cahiers.
Durant de nombreuses années il n’y a quasiment pas eu de constructions de nouvelles écoles publiques en Côte d’Ivoire alors qu’entre temps, la population n’a cessé d’augmenter. De plus, les écoles publiques existantes ont eu le temps de se délabrer, faute d’entretien. La plupart n’ont ni eau, ni électricité, ni latrines.
Face à cette situation désastreuse, le gouvernement est bien obligé d’investir pour construire de nouvelles écoles, dont certaines viendront en remplacement des anciennes bâtisses devenues inutilisables. C’est ce peu que Ouattara et son gouvernement ont beau jeu de présenter comme étant une prouesse. Ce sont justement les milliards de remboursements effectués par le pouvoir précédent qui permet aujourd’hui à Ouattara d’emprunter à nouveau de l’argent et réaliser le minimum d’investissements qui n’ont pas été réalisés depuis les 25 ou 30 dernières années.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Selon le gouvernement, il y aurait un million deux cent mille d’enfants de 6 à 16 ans non scolarisés en Côte d’Ivoire. Le budget consacré pour l’année scolaire 2015-2016 serait de 700 milliards de francs. Soit moins de la moitié du chiffre d’affaire réalisée par la seule SIR (Société Ivoirienne de Raffinage) durant un an. En comparaison, pour la même année, la Côte d’Ivoire consacrera 1 200 milliards aux banquiers en remboursement de dette. Soit, presque le double de ce qui est prévu pour la scolarité.
De plus, chacun sait que la majorité des enfants des pauvres fréquentent les « écoles privés », pour ne pas dire des « écoles boutiques ». Cela, faute de place dans les écoles publiques. Les élèves y sont entassés souvent à une centaine par classe ; les enseignants sont formés au rabais et sont payés à une cinquantaine de milles francs par mois ! Alors, un gouvernement vraiment soucieux de la scolarité des enfants aurait réglé ces problèmes-là.
Les gens du pouvoir ne sont pas sans savoir que si de nombreux enfants ne vont pas à l’école, c’est parce que les parents ont de moins en moins les moyens d’assurer leur scolarité, du fait que la vie est devenue plus chère au fil des ans, alors que les salaires n’ont pas suivi l’augmentation du coût de la vie. Le résultat c’est que de nombreux enfants des villes sont obligés de gagner leur pain quotidien en faisant de petits métiers ou en devenant apprentis. Quant aux enfants de la campagne, nombreux aussi sont ceux qui commencent très tôt à vaquer aux travaux champêtres, parce que les parents sont trop pauvres pour faire autrement.
Les dirigeants actuels du pouvoir se vantent à bon compte de vouloir scolariser les enfants des pauvres, mais la vérité est que le premier de leurs soucis c’est de permettre aux riches de s’engraisser encore plus et encore plus vite ; et au passage de s’engraisser eux-mêmes.
L’État ivoirien est entièrement au service du système capitaliste. Sous un tel système, les intérêts des travailleurs et des populations pauvres passent en dernier, au profit de ceux des exploiteurs. Chacun sait, par exemple, que les matières premières dont un pays comme la Côte d’ivoire est grand producteur sont vendues à des prix qui ne permettent pas au pays d’assurer même le minimum. Le peu que le pays récupère est accaparé par les parasites et les capitalistes locaux. Voilà pourquoi l’État ivoirien se donne les moyens de répression appropriées, en hommes et en armes, pour palier à toutes éventuelles révoltes des classes opprimées contre cette injustice sociale.