L’indépendance n’a rien changé au sort des travailleurs et des pauvres

07 septembre 2015

Le 7 août, les ambassadeurs de France et des États-Unis, installés en première loge, en compagnie des Ouattara, ont sabré le champagne. Parmi les invités, il y a avait les hauts dignitaires de l’armée et de l’administration, divers représentants des riches, des dirigeants des partis politiques d’opposition, ainsi que les alliés des exploiteurs que sont les hauts dirigeants syndicalistes de l‘Ugtci, Dignité, Fesaci, Humanisme et consort. C’est tout ce beau monde du camp des riches qui a fêté le 55ème anniversaire de l’indépendance de la Côte d’Ivoire. Mais de quelle indépendance est-il donc question ?

Il faut rappeler que les colonisateurs ont découpé l’Afrique en petits morceaux pour pouvoir mieux la dominer et l’exploiter. Ainsi, il y a 55 ans, le colonisateur français a remplacé le drapeau « bleu-blanc-rouge », trop tâché de sang de la colonisation, pour hisser des chiffons « orange-blanc-vert » pour les uns, « vert-jaune-rouge » pour d’autres, etc. Les gouverneurs coloniaux qui dirigeaient ces entités ont été transformés en « conseillers » de Présidents souvent fantoches installés au pouvoir par leur soin. Là où ils l’ont pu, ce sont des gens comme Houphouët Boigny, déjà ministre au sein du gouvernement colonial, dont la fidélité aux intérêts coloniaux avait été testée des années auparavant, qui ont été promus au pouvoir. Depuis lors, les Présidents ont changé, mais tous ont œuvré dans le sens des intérêts des capitalistes.

C’est donc le bilan de ces 55 ans d’indépendance, positif pour les riches, à commencer pour l’ex-puissance coloniale, que tous ces gens-là ont fêté.

En effet, les intérêts capitalistes occidentaux ont plutôt prospéré en Côte d’Ivoire. Toutes les grandes entreprises du pays leur appartiennent, à commencer par les banques, les mines, le pétrole, la télécommunication, le port, le réseau ferré, l’eau, l’électricité et le BTP. De plus, la Côte d’Ivoire produit plus que jamais des produits de spéculations introduits durant la période coloniale, tels que le cacao, le café, le palmier à huile, l’hévéa, le coton et la noix de cajou. Ces cultures ont fait la fortune de nombreux capitalistes dans le monde. Cela s’est fait évidemment au détriment des produits agricoles nécessaires aux populations.

A Abidjan, la classe riche étale sa richesse au grand jour. Elle est visible en nombre de voitures luxueuses, de villas cossues, de grands hôtels, de restaurants et autres magasins de produits de luxe, même si ces capitalistes gardent leur argent en sécurité sous d’autres cieux.

Quant aux travailleurs et aux populations laborieuses, l’exploitation qu’ils subissent s’est accrue avec l’indépendance : en plus des intérêts de l’ex-puissance coloniale qu’il faut satisfaire, s’y sont ajoutés ceux de la bourgeoisie locale de plus en plus nombreuse et non moins rapace. Et l’armée coloniale a cédé la place à une pléthore de corps habillés locaux, tout aussi féroce, pour veiller à la perpétuation de ce même système capitaliste.

Ainsi, au bout de ces 55 ans, la situation des travailleurs s’est nettement dégradée. Le travail qu’ils fournissent, la richesse que leur travail produit, sont bien plus grands qu’il y a 55 ans. Pourtant, ils sont de plus en plus nombreux ceux d’entre eux qui côtoient la misère et sont réduits à vivre dans des bidonvilles où les riches entassent les populations pauvres. La situation des travailleurs est plus que jamais précaire car l’indépendance n’avait pas pour objet d’améliorer leur situation. Ce sont seulement les luttes qu’ils ont eu à mener dans certains secteurs pour défendre leurs intérêts qui leur ont permis de limiter cette exploitation en arrachant quelques améliorations dans leurs conditions de travail ou dans leurs conditions d’existence en général. C’est aussi par leurs luttes futures que les travailleurs réussiront à mettre fin à cette société d’exploitation.