Faso Construction : une mobilisation payante
Le quotidien des travailleurs
Faso Construction est une entreprise du BTP, présente dans ce secteur depuis quelques années. Les travailleurs des deux chantiers situés à Cocody 7ème et 8ème tranche ont manifesté leur colère le jeudi 12 mars dernier. Cet arrêt de travail faisait suite à la non-satisfaction de leurs revendications rejetées en bloc par la direction. En effet, il y a presqu’un mois de cela, un groupe de travailleurs a essayé de porter à la connaissance de la Direction, une liste de revendications concernant l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail. Mais au lieu de chercher à répondre aux préoccupations des travailleurs, la direction a préféré brandir la menace de renvoi. C’est cette position de défiance qui a mis le feu aux poudres.
Les travailleurs, convaincus qu’ils ont raison et déterminés à aller jusqu’au bout de la lutte, ont érigé des barricades sur les deux voies d’accès au chantier les « mira-lys » à la 7è tranche. Ils ont fait suspendre toutes activités aux autres groupes de travailleurs. La direction a voulu jouer à la division entre les travailleurs, séparant ceux qui veulent travailler de ceux qui sont en grève. Quand elle a vu que ceci ne marchait pas, elle a tenté de procéder par intimidation en faisant intervenir la police. Mais tout cela en vain, car ce mépris n’a fait que conforter les travailleurs qui ont radicalisé leur mouvement. Le directeur est venu sur les lieux pour tenter de décanter la situation. Les travailleurs de leur côté ont exigé la présence de leur syndicat avant toute discussion. Cette exigence a irrité le patron qui se croyait ainsi minimisé par les travailleurs. Mais vu la détermination de ces derniers à ne rien céder, c’est plutôt le patron qui a fini par céder. Une rencontre fut prévue ce même jour dans l’après midi entre ses collaborateurs et les travailleurs assistés de leur syndicat. Après cette première rencontre où il a été décidé de faire le rappel des heures supplémentaires et autres primes, en plus du congé et de la gratification, la direction décida de faire appel à l’Inspection du travail pour trancher. Mais, au lieu de se rendre à l’Inspection, elle a demandé l’intervention d’un inspecteur qui fait déjà office de conseil juridique de l’entreprise. Malgré toute cette gymnastique, la direction, sous la pression des travailleurs qui menaçaient de reprendre la grève, a finalement cédé sur tous les points.
Mais pour se venger, elle a immédiatement mis fin aux contrats des travailleurs qu’elle a estimé bouillants. Les travailleurs de leur côté ont exigé leur solde de tout compte avant de quitter le chantier. La direction a baissé le ton, en demandant aux travailleurs de continuer à travailler jusqu’au 9 avril, date à laquelle elle compte pouvoir payer. Mais ces derniers ont refusé parce qu’ils ne veulent plus travailler avec l’ancien contrat sans une amélioration. Ils ont alors accepté d’attendre cette date pour la paie. Le mercredi 8 avril, soit un jour avant la date butoir, la direction a informé les travailleurs qu’elle est dans l’incapacité de payer leur dû, ce jeudi. Comme une trainée de poudre, les travailleurs se sont passé l’information et le jeudi très tôt, ils se sont rendus au chantier pour tout bloquer. Devant la mobilisation et la détermination des travailleurs licenciés et le mécontentement de ceux qui continuent de travailler, et qui attendent aussi leur salaire de fin du mois, la direction qui a pourtant dit être dans l’incapacité de trouver l’argent, a fait des « miracles ». L’argent est sorti. Ces indemnités ont finalement été payées aux travailleurs ce jeudi 9 avril. C’est tout content de leur victoire, obtenue avec la détermination en ne cédant rien à la direction, qu’ils se sont quittés.
Quant à la direction, elle n’est pas encore au bout de sa peine car ceux qui sont sur le chantier et qui sont encore plus nombreux que les premiers, s’organisent déjà pour la même cause.