Les ouvriers du pont de jacqueville rappellent leur direction à l’ordre
Les travailleurs ont repris la lutte le 14 novembre en faisant un débrayage pour montrer qu’ils ne sont pas contents de la lenteur des négociations. Il y a de cela plus de trois mois que les travailleurs de ce chantier ont engagé des négociations pour des améliorations de salaires et autres conditions de travail.
Au cours de la première grève, le gouvernement a dépêché le directeur du cabinet du ministère des Infrastructures économique. Ce dernier, en compagnie du préfet de Jacqueville, a mené des négociations en cherchant à berner les travailleurs.
Mais ce dernier coup de colère des travailleurs est parti de la rencontre qu’ils ont eu la veille avec l’inspecteur du travail de Dabou et la structure SNS, qui est le conseil juridique de la société Arab Contractors qui les emploie. En effet, au cours de cette rencontre, il était prévu que la structure SNS devrait présenter le calcul des droits de rupture de contrat aux travailleurs. Les travailleurs assistés de leur syndicat et l’inspecteur en tant qu’arbitre, devraient valider le calcul qui a été fait. Mais comme c’est souvent le cas, l’inspection a carrément pris fait et cause pour la direction. Ainsi, avant le début de la négociation, le « directeur départemental de la direction de travail des lagunes » a demandé aux travailleurs et à leur syndicat de leur accorder quelques minutes d’entretien avec SNS. Après plus de 45 minutes, las d’attendre, le porte-parole des travailleurs appela l’inspecteur pour les mettre en garde en menaçant de faire venir tous les travailleurs s’ils n’arrêtent pas leur tête à tête.
Pris de peur, le directeur finit par mettre fin à son tête à tête et les invita à rentrer pour la discussion. Mais une fois dans la salle, il annonce qu’il ne va pas dévoiler les calculs et que c’est quand chaque travailleur va percevoir son dû qu’il vérifiera si c’est bon ou pas. Les travailleurs sont indignés et refusent cette procédure. D’ailleurs ils ont demandé à l’inspecteur de ne plus s’immiscer dans cette négociation parce qu’il avait, d’après eux, changé de visage, changé de parole. C’est sur ces paroles qu’ils ont renvoyé le directeur qui a quitté aussitôt les lieux.
Le lendemain vendredi 14, tôt le matin, le chantier fut paralysé. Ce jour, par hasard, le directeur d’Arab Contractors pour l’Afrique de l’ouest visitait le chantier. Au début, il a voulu intimider les travailleurs comme tout bon patron. Mais vu la détermination des travailleurs qui refusent de reprendre le travail sans une suite favorable à leurs problèmes, il les invite à une rencontre. Après avoir entendu les travailleurs, il a accédé à leur requête de ne pas signer les contrats proposé par SNS ; de payer leur ancienneté et faire signer des contrats au nom d’Arab Contractor avec une revalorisation des salaires selon le barème du secteur BTP ; qu’il s’engage aussi à garder tous les travailleurs jusqu’à la fin des travaux. Une nouvelle rencontre est prévue dans une semaine. En attendant, il a demandé que la structure SNS envoie une nouvelle copie de ses calculs ; que si cette nouvelle copie ne convient pas, les travailleurs sont libres de refuser et d’attendre son retour de voyage. Les travailleurs ont dit qu’ils préfèrent attendre son retour. En attendant, biens conscients, les travailleurs disent bien garder le bâton, comme le dit un adage d’ici, car « le serpent n’est pas encore mort ». C’est pourquoi ils continuent de faire la mobilisation, en faisant même appel à ceux qui ont été renvoyés.