Ne te demande pas pour qui sonne le tocsin : il sonne pour toi !
Pendant que la télévision nous abreuve d’images des cérémonies de commémoration de la Première Guerre mondiale, avec accolades de chefs d’État et discours mielleux sur la paix et l’entente entre les peuples, le territoire de Gaza, cette prison à ciel ouvert pour le peuple palestinien, est depuis un mois écrasé sous les bombes. L’armée israélienne, forte de sa supériorité technique et surtout du soutien des grandes puissances, ne fait même plus semblant : elle bombarde écoles et hôpitaux, elle mitraille femmes et enfants pour semer la terreur dans toute la population. Hollande a eu le cynisme de donner en exemple la réconciliation franco-allemande ! Comme si ce qui se passe au Moyen-Orient était de la faute des peuples !
Ce que la situation au Moyen-Orient a de spécifique n’est en rien dû aux peuples mais à l’importance stratégique et économique de cette région gorgée de pétrole que les grandes entreprises pétrolières se disputent depuis des décennies. Leurs représentants politiques à la tête des grandes puissances, anglaise, française, américaine, dressent depuis des décennies les États de la région les uns contre les autres afin de mieux préserver leur domination.
L’État d’Israël joue un rôle particulier dans ce dispositif en tant que principal gendarme de la région. Les dirigeants de l’État d’Israël assument la responsabilité la plus directe dans la transformation du peuple palestinien en paria dans son propre pays, et des jeunes Israéliens en assassins en uniforme. L’État d’Israël n’agit pas seulement pour son propre compte, mais autant et plus pour le compte des grandes puissances occidentales dont les trusts tirent profit des richesses du sous-sol en pétrole comme de la vente d’armes.
Les autres États du voisinage, arabes ceux-là, ne valent pas mieux. Les multinationales concèdent à leurs dirigeants de quoi vivre dans l’opulence pendant que leurs peuples crèvent dans la misère. Faut-il le rappeler, si le blocus est imposé à Gaza par Israël, il l’est, aussi, par l’Égypte.
Si la situation au Moyen-Orient a quelque chose de spécifique, elle est en même temps le symbole et le résumé de la domination de la grande bourgeoisie capitaliste sur le monde. Les grandes sociétés financières pataugent partout dans le sang.
À côté des guerres au Moyen-Orient, en Israël-Palestine, mais aussi en Irak, en Syrie, combien d’autres en Afrique, de la Libye au Zaïre en passant par le Mali, la Centrafrique ? Les puissances impérialistes ont imposé partout leur domination par la violence directe ou indirecte. Elles la maintiennent partout en jouant sur les oppositions nationales, ethniques, religieuses. Même si, bien souvent, le résultat de leur politique les déborde et qu’elles finissent par ne plus maîtriser les catastrophes qu’elles ont provoquées, elles en sont responsables.
Tout le mécanisme du système capitaliste mondial est bâti comme cela : des guerres et des massacres là où se situent les richesses en matières premières, pour qu’à l’autre bout du monde, dans les sièges feutrés des grands trusts à New York, Londres, Paris, leurs dirigeants puissent ajouter des milliards aux milliards afin d’être gaspillés en luxe inouï pour une minorité ou dilapidés dans la spéculation.
À nous, travailleurs de ce pays, d’être conscients que ceux qui meurent à Gaza ne sont pas seulement les représentants du Hamas qui reproduisent à petite échelle le terrorisme en grand de l’État d’Israël, mais des ouvriers, des pêcheurs et surtout des chômeurs. C’est-à-dire les nôtres.
Ici, en France, le grand capital se contente de nous exploiter et, en cette période de crise, de nous pousser vers le chômage et l’appauvrissement. Disons-nous bien que, malgré la comédie cérémonielle que jouent les crapules hypocrites qui dirigent le monde, ce qui se passe à Gaza n’est pas si loin de nous. Les reportages rétrospectifs consacrés au déclenchement de la Première Guerre mondiale montrent avec quelle rapidité des millions d’ouvriers, de paysans ont été mobilisés pour être transformés en chair à canon. Huit millions de morts de la Grande Guerre, non pas pour la patrie, mais pour permettre aux grands fauves capitalistes rivaux d’accroître leur part de la dépouille de leur victime.
Gaza, c’est le présent de deux peuples : l’un massacré, l’autre transformé en assassin. Mais c’est aussi, peut-être, notre avenir. Car, comme le disait Jean Jaurès il y a un siècle, « le capitalisme porte la guerre en lui comme la nuée porte l’orage ». Le capitalisme n’est pas devenu meilleur depuis, mais nuisible à une plus grande échelle encore. L’humanité ne connaîtra la paix qu’avec la fin du capitalisme.