3ème pont : petite victoire des travailleurs en gréve
Cote d’ivoire
Après 4 mois de tractations, ponctuées de petites luttes entre la direction et les travailleurs, ces derniers viennent d’obtenir 280 millions déboursés non pas par Bouygues mais par le gouvernement. Quant à la direction de Bouygues Construction, elle avait dit niet aux travailleurs sous prétexte qu’elle ne leur devait plus rien.
En effet, pour la construction de ce pont, Bouygues Construction, à travers sa structure SACPRM (Société Anonyme pour la Construction du Pont Riviera Marcory) a fait signer des contrats à durée déterminée de 3 mois renouvelable. Donc, les travailleurs percevaient leur salaire chaque fin de mois et, une fois renvoyés, la direction leur versait leur prime de congé et de gratification. C’est seulement ceux qui ont fait 1 an et plus qui peuvent prétendre à une indemnité de licenciement, qui d’ailleurs est très faible. Du coup les travailleurs conscients de cette précarité, ont engagé des luttes pour exiger une prime de fin chantier sous forme de mesure d’accompagnement. Après plusieurs tentatives de négociations suivies de répression policière, les travailleurs sont restés mobilisés et campent sur leur position. C’est alors que le gouvernement dépêche son ministre de l’Intérieur pour essayer de désamorcer le mouvement. Il demande aux travailleurs de lui faire une proposition chiffrée. Les travailleurs proposent un montant de 1 milliards 200 millions pour les quelques 800 travailleurs de SACPRM.
C’est donc normal qu’à l’annonce des 280 millions, les travailleurs trouvent que la moisson n’est pas bonne car ils s’attendaient à 6 fois plus. Mais que peuvent-ils faire encore aujourd’hui ? Les gros œuvres sont presque terminés. Pour obtenir plus, il aurait fallu que les travailleurs engagent une grève d’une autre ampleur, en entraînant les autres travailleurs, à commencer par leurs collègues du BTP des sociétés sous-traitantes du 3ème pont. Or, à aucun moment, les travailleurs de SACPRM n’ont eu cette politique d’élargissement de la grève. Leur lutte est restée isolée et le rapport de forces qu’ils ont créé n’a pas suffi à arracher plus que ce qu’ils ont obtenu.
C’est une expérience dont il faudra tirer les leçons pour les luttes futures.