Le quotidien des travailleurs – Setao Marcory : le patron a reculé mais les travailleurs restent vigilants
La SETAO est l’entreprise qui représente le groupe Bouygues dans le secteur du BTP en Côte d’Ivoire. C’est elle qui construit l’extension du magasin Cap-Sud à Marcory. Pour exécuter les travaux, ou pour mieux exploiter les travailleurs, la SETAO a confié la tâche à une entreprise de sous-traitance du nom de FKP. Suite aux conditions difficiles de travail que subissent les ouvriers, ces derniers se sont organisés pour réclamer de meilleures conditions. C’est ainsi qu’en novembre dernier ils ont déposé une liste de revendications accompagnées d’un préavis de grève. Pour être dans les règles de leur loi, ils ont déposé une copie de cette revendication à l’Inspection de travail de Marcory. Le patron de FKP qui a pour juriste un ancien Inspecteur de travail à la retraite, a aussi saisi l’Inspection au même moment.
Au cours de la discussion qui a suivi, l’avocat du patron a dit aux travailleurs qu’ils n’avaient droit à rien et qu’ils ne pouvaient prétendre qu’à la prime de précarité. Évidemment, l’Inspecteur de travail qui était de connivence avec les patrons n’a rien trouvé à dire. Il n’a fait qu’approuver les dires du juriste du patron. Néanmoins, il a demandé au patron de les déclarer à la Cnps, de signer des contrats précis et de verser à ceux qui sont déjà partis, leur prime de précarité comme conclu.
Mais un mois après, les travailleurs n’ont toujours rien obtenu. Au contraire, le patron s’est même débarrassé de plusieurs autres collègues. Vu ce mépris, les travailleurs ont rappliqué en redéposant un autre préavis de 6 jours le mardi 21 janvier 2014. Comme la même Inspection avait reçu copie, elle a convoqué les deux parties le vendredi 24 janvier. Mais avant ce rendez-vous, la direction de la SETAO a rapidement reçu les porte-parole des travailleurs pour les rassurer qu’ils sont informés de l’affaire et qu’ils attendent le grand patron qui est en congé, et qu’à son retour, ils verront ce qu’il y a de mieux à faire pour eux. La rencontre de l’Inspection s’est avérée être une formalité. Mais comme on le dit, il ne faut pas trop se fier à une eau dormante.
Pour l’instant, le patron a accepté de payer toutes les indemnités réclamées par les travailleurs. Mais ces derniers restent prudents et mobilisés car une parole ou promesse de patron n’est que du vent s’il n’y a pas de pression pour qu’il s’exécute.