Sénégal – Tromperie des directions syndicales face aux attaques du gouvernement et du patronat

08 mars 2025

Alors que le gouvernement sénégalais annonçait une cure d’austérité dans la fonction publique, le personnel hospitalier et les enseignants se sont mobilisés pour réclamer plus de recrutements et plus de mesures contre la dégradation de leurs conditions de travail.

À l’appel du Syndicat autonome des médecins (SAMES), une grève de 48 heures, le 18 et 19 février, a été largement suivie, y compris à l’intérieur du pays par l’ensemble du personnel des hôpitaux publics. De son côté, le SAES (Syndicat autonome de l’enseignement supérieur) a aussi appelé à une grève de 72 heures, du 24 au 26 février, elle a été suivie dans les universités et dans les écoles publiques.

Craignant une contagion dans d’autres secteurs de la fonction publique et dans les entreprises privées, le premier ministre Ousmane Sonko a convié patronat et syndicats à s’asseoir autour d’une table et à faire preuve de «responsabilité et de patriotisme». Il a demandé aux représentants des syndicats de «mettre de côté les grèves» et a menacé d’utiliser la méthode dure s’ils n’acceptaient pas son invitation à un «dialogue social sincère et transparent». Mais s’asseoir autour d’une table avec le gouvernent et le patronat, les dirigeants des centrales syndicales ne demandent que ça ! Leur politique n’a jamais été de défendre les intérêts des travailleurs mais simplement d’être reconnus comme des interlocuteurs attitrés des salariés auprès du patronat et du gouvernement.

Être à la tête d’un appareil syndical peut leur servir de tremplin pour fricoter avec le pouvoir et le patronat. C’est aussi un poste qui permet d’obtenir quelques miettes lâchées par la bourgeoisie et son État en échange du rôle de pompier de service que ces dirigeants syndicaux peuvent jouer en cas de mobilisation ou de grève pour éviter tout débordement et toute extension du mouvement. S’il leur arrive parfois d’appeler telle ou telle catégorie de travailleurs à faire la grève, c’est d’abord pour faire valoir leurs intérêts de boutique. Et quand il y a une mobilisation dans un secteur, ils font tout pour l’émietter en mettant en avant des revendications catégorielles, de telle sorte qu’ils puissent contrôler le mouvement. Ils se pressent ensuite à la table des négociations et permettent de cette manière au patronat et au   gouvernement de s’en sortir à bon compte.

Actuellement, il y a un vent de mécontentement aussi bien dans le secteur public que dans le privé. Les travailleurs sont confrontés à des vagues de licenciements comme par exemple dans le secteur pétrolier, au port de Dakar ou dans les administrations. Il y a de plus en plus de travailleurs qui dénoncent les retards de paiement des salaires voire leur non-paiement. En cette période de montée du coût de la vie, ces attaques contre les travailleurs et leurs familles se traduisent par une aggravation de la misère.

Les dirigeants syndicaux font semblant de se préoccuper de cette situation en créant un «front syndical», mais les deux dernières grèves qu’ils ont dirigées récemment ont été intentionnellement organisées en ordre dispersé, le 18 février pour les uns, le 24 pour les autres, alors qu’il s’agit d’employés du même État !

Alors, leur pseudo front syndical, ce n’est que de la poudre aux yeux pour duper les travailleurs. Ceux-ci, qu’ils soient employés de l’État ou d’une entreprise privée, ont les mêmes intérêts et ne peuvent compter que sur leur mobilisation, leur capacité de s’organiser et de diriger eux-mêmes leurs grèves.