Sénégal – Le pouvoir a changé de main mais la vie chère continue

01 octobre 2024

Le sujet qui préoccupe la grande majorité des habitants dans les quartiers populaires c’est celui de la vie chère. Le prix des denrées ne cesse de grimper et cela dure depuis des années malgré les promesses faites par les gouvernements successifs. L’ancien président Macky Sall avait promis de baisser les loyers et les prix des denrées comme l’huile, le sucre, le riz et autres, mais il a menti car les prix ont continué d’augmenter.

Quand les gens ont commencé à protester, Macky Sall a tenté de faire porter le chapeau aux petits commerçants qu’il a accusés de ne pas respecter ses consignes. Mais comment les petits commerçants auraient-ils pu vendre leurs produits à perte alors que les grossistes chez qui ils s’approvisionnaient, ne diminuaient pas leurs prix ? En fait, Macky Sall avait délibérément laissé les grossistes agir comme bon leur semblait car il ne voulait pas toucher à leurs marges  bénéficiaires.

En plus des denrées alimentaires, le prix du loyer, l’eau, l’électricité, le transport ont continué à grimper tandis que les salaires n’ont pas bougé. Le Pastef, parti d’Ousmane Sonko et de l’actuel président Diomaye Faye qui était alors dans l’opposition,  a profité du climat de contestation, notamment dans le milieu de la jeunesse populaire victime du chômage, pour propager sa propre démagogie et promettre un « vrai changement » pour la population. Le Pastef a gagné l’élection présidentielle de mars 2024 malgré les embuches dressées par Macky Sall pour disqualifier son premier candidat Sonko.

Depuis six mois, Diomaye Faye et Ousmanne Sonko sont tous deux au pouvoir, l’un président et l’autre Premier ministre, mais la lutte contre la vie chère qu’ils promettaient quand ils étaient opposants a été repoussée aux calendes grecques. Les caisses de l’État, disent-ils, ont été dilapidées par ceux qui ont exercé le pouvoir avant eux.  « Nous étions loin de nous imaginer que les choses étaient aussi catastrophiques », a déclaré récemment le Premier ministre en ajoutant qu’il y a eu un « endettement effréné » de l’État,  une « corruption généralisée » et des « détournements en masses  des deniers publics ».

Ils veulent faire patienter la population jusqu’à quand ? Qu’est ce qui les empêche d’obliger le patronat à augmenter immédiatement le salaire des travailleurs, même s’il y a des trous dans les caisses de l’État ? Qu’est-ce qui les empêche de baisser les loyers pour ceux qui ont des revenus modestes ? Pourquoi y a-t-il tant de coupures d’eau et d’électricité, surtout dans les quartiers populaires ? Ce ne sont pas les moyens financiers et humains qui font défaut pour faire fonctionner correctement les services vitaux pour la population. La vérité est que ces questions n’ont jamais fait partie des priorités des dirigeants d’hier et d’aujourd’hui. Leur préoccupation principale reste la même, celle de diriger le pays au profit des classes possédantes, leur permettre de continuer à s’enrichir sur les dos des travailleurs et des populations pauvres. Ceux-ci ne peuvent compter que sur leurs mobilisations sur leurs lieux de travail et dans la rue pour améliorer leurs conditions d’existence.