Madagascar – Recrudescence des assassinats de personnes albinos : la misère matérielle engendre la misère morale
Depuis quelque temps de nombreux cas de kidnappings de personnes albinos ont eu lieu dans différentes régions du pays, surtout dans les campagnes reculées, en proie à la pauvreté et à l’arriération. Dans le district d’Ampanihy andrefana par exemple, un crime atroce difficile à décrire a été perpétré à l’égard d’une jeune femme albinos. Dans la banlieue de Toliara, des scènes macabres similaires se sont produites récemment. Aux environs de la ville de Mananjary située sur la côte sud-est, une gamine atteinte de cette « pathologie » a été victime d’un enlèvement de la même sorte.
Face à cette calamité, la population s’organise comme elle peut dans les structures traditionnelles telles que les « fokonolona » qui sont des communautés de regroupements populaires. Les « dina », supplétifs des forces de l’ordre sont mis à contribution. Les « olobe » c’est-à-dire des grandes personnes considérées comme sages, sont également appelées à user de leur autorité morale pour que certains villageois qui s’adonnent à la sorcellerie, abandonnent ces pratiques. De nombreuses personnes accompagnent les gendarmes dans les opérations de poursuites des assaillants. Ce phénomène prend de l’ampleur, les journaux font état de trafics macabres des yeux et de certains organes de ces personnes qui ont des problèmes de pigmentation de la peau.
Selon certaines enquêtes, des crimes auraient un rapport avec l’exploitation artisanale des gisements d’or qui ne produisent plus comme avant. Des histoires de sacrifices et d’offrandes, à dormir debout, héritées des périodes sombres du passé, remontent à la surface.
À Madagascar ainsi que dans de nombreux pays sous-développés, il existe dans les grandes villes, des personnes évoluées qui vivent dans une certaine aisance. Elles ont accès à l’éducation et à la culture. Elles n’ont pas besoin de croire à ces pouvoirs occultes, à ces pratiques barbares révolues. Des associations de personnes albinos existent dans la capitale, elles appellent à juste raison à la mise en place d’une politique nationale pour lutter contre la discrimination dont ces personnes sont victimes.
L’Etat fait preuve d’une passivité criante face à cette discrimination car sa préoccupation principale est que les riches continuent à s’enrichir quitte à ce que cela se fasse au milieu d’un océan de misère et d’arriération morale pour la population.