Éditorial

Riches et pauvres n’ont pas les mêmes intérêts

01 septembre 2024

Alassane Ouattara vient de célébrer le 64ème anniversaire  de l’indépendance de la Côte d’Ivoire. C’est la même chanson que les successeurs d’Houphouët Boigny répètent à tour de rôle car ils ont fondamentalement la même politique favorable aux riches.

Ceux qui veulent prendre le fauteuil de Ouattara se bousculent déjà au portillon pour la prochaine élection présidentielle prévue en octobre 2025. On verra qui le succédera : Gbagbo, Thiam ou un autre politicien ? À moins que Ouattara se succède à lui-même ?  Ce qui est sûr, c’est que pour ceux qui ne vivent que de leur petit salaire de misère, ce sera  « bonnet blanc et blanc bonnet » car ce sont les intérêts de la classe minoritaire des exploiteurs qui continueront à être défendus par l’État, au détriment de ceux de la majorité de la population.

64 ans après l’indépendance, malgré les quelques changements qu’il y a eus au sommet de l’État, la Côte d’Ivoire des bourgeois se porte plutôt bien. Leurs affaires locales et internationales sont florissantes parce que l’économie et la politique de ce pays ont toujours été orientées en fonction de ce qui est bon pour leurs profits. L’intérêt des travailleurs et des pauvres n’entre pas en ligne de compte. La très grande majorité des travailleurs meurent aussi pauvres que quand ils sont nés, quand bien même ils ont travaillé toute leur vie. Leur travail n’a servi qu’à enrichir ceux qui les ont exploités.

Le temps de l’esclavage ancien est révolu mais pas celui de l’esclavage moderne qu’est le travail salarié. Il ne disparaitra que quand les travailleurs auront renversé l’État de la bourgeoisie et auront mis fin à la domination de cette classe parasitaire sur l’ensemble de la société, c’est-à-dire en enlevant de leurs mains les richesses et les moyens de productions pour les mettre au service de la grande majorité de la population.

Les gouvernements qui se succèdent depuis 64 ans continuent de nous prêcher, à nous les travailleurs, la patience pendant qu’ils laissent toute la liberté aux capitalistes pour s’enrichir sur notre dos en nous imposant des conditions de travail infernales ainsi que des salaires qui ne nous permettent pas de faire vivre nos familles. De plus en plus d’entre nous sont réduits à un travail de journalier à vie parce que c’est cette forme de travail précaire qui convient aux capitalistes dans la situation actuelle. Ils mettent les travailleurs en concurrence les uns contre les  autres en les privant du droit d’avoir un revenu et un travail régulier. Pendant ce temps leurs profits continuent de grossir.

Voilà pourquoi, lorsque les politiciens de tout bord prétendent, la main sur le cœur, œuvrer dans « l’intérêt des ivoiriens », il n’y a pas plus grand mensonge ! Selon qu’on soit un exploiteur ou un exploité, on a des intérêts diamétralement oppo-sés tout en étant du même pays. L’ex-ploiteur, qu’il soit ivoirien ou d’une autre nationalité, s’enrichit du travail de l’ouvrier ou du petit paysan. C’est un vol légalisé et protégé par l’État. Cela n’empêche pas Ouattara de prétendre haut et fort qu’il veut « lutter contre la pauvreté » et œuvrer « pour l’amélioration du quotidien de tous les citoyens ».

Pendant qu’il nous assène ces mensonges, son gouvernement fait la chasse aux pauvres en détruisant leurs étals, c’est-à-dire leurs moyens de survivre. Il détruit leurs quartiers avec une brutalité digne des brigands. Et puis il ose prétendre que c’est là « une exigence de développement des pays modernes », pour ne pas dire clairement l’exigence des intérêts bien compris de quelques capitalistes !

Alors, les travailleurs n’ont rien de bon à attendre des différents clans qui se disputent le pouvoir. Les seules amé-liorations qu’ils peuvent obtenir, ne viendront que de leurs luttes collectives, c’est-à-dire par des grèves et des mobilisations de rue.

Mais nous devons savoir que ces améliorations, même gagnées de hautes luttes, sont le plus souvent éphémères, car les exploiteurs vont tout faire pour récupérer d’une main ce qu’ils ont été contraints de céder de l’autre. Voilà pourquoi, la seule perspective qui vaille pour les travailleurs, pour tous les exploités de la terre, c’est le renversement définitif de l’ordre bourgeois, par la révolution prolétarienne. Il est nécessaire de préparer cette révolution dès aujourd’hui, c’est-dire s’organiser politiquement et indépendamment des différents partis politiques bourgeois. Ce sont les travailleurs qui font fonctionner la société et qui produisent toutes les richesses. Ils peuvent balayer le système capitaliste, diriger le pouvoir et bâtir une nouvelle société où toute forme d’exploitation de l’homme par l’homme sera abolie.