Afrique – Aggravation des violences et des oppressions imposées aux femmes
Malgré toutes les prétendues actions en faveur des femmes en Afrique, les conditions générales dans lesquelles se trouve la majorité des femmes sur ce continent ne s’améliorent pas, mais au contraire s’aggravent en même temps que se dégradent les conditions d’existence de la majorité de la population. Opprimées parmi tous les opprimés, les femmes subissent doublement les conséquences des crises économiques, des guerres et des ravages du système capitaliste.
Butins de guerre, viols, rapts …
Au Congo (RDC), les bandes armées qui sèment la terreur pour l’accaparement des richesses minières au profit des firmes capitalistes des pays riches d’occident et d’ailleurs, s’en prennent particulièrement aux femmes qu’elles transforment en « butins de guerre », qu’elles violent et tuent. C’est leur manière de terroriser des populations entières.
Au Nigéria, des filles sont kidnappées presque quotidiennement sans que cela n’inquiète les autorités publiques. Elles sont emmenées de force dans des endroits où l’État n’intervient pas et sont échangées parfois contre une rançon. On se souvient encore de l’enlèvement spectaculaire de 276 écolières à Chibok, dans le nord-est du Nigeria, par les jihadistes de Boko Haram en 2014. Cela a eu un retentissement mondial et a choqué beaucoup de personnes. Les autorités de ce pays ont fait semblant de mener quelques opérations militaires spectaculaires, histoire de montrer qu’elles agissent résolument contre ce fléau, mais les kidnappings « quotidiens » moins médiatisés continuent toujours 10 années après celui de Chibok.
Victimes du sous-développement, des préjugés religieux et traditionnels.
Dans de nombreuses régions d’Afrique, même là où il n’y a pas de guerre, la survie de la majorité des familles de paysans pauvres dépend essentiellement des efforts surhumains que les femmes doivent accepter de faire pour nourrir la famille, aller chercher de l’eau et du bois de chauffage jusqu’à faire des kilomètres à pieds et les transporter sur le dos ou la tête.
Dans certains endroits, sous la pression des mouvements intégristes musulmans notamment, mais aussi à cause de la misère qui pèse sur une grande partie de la population, les filles ne peuvent pas accéder à l’école et sont condamnées au mariage forcé dès leur plus jeune âge. Elles sont parfois échangées contre du bétail ou contre un peu d’argent.
Les hommes au pouvoir autorisent parfois que des femmes soient nommées à des postes de prestige mais c’est surtout pour mieux masquer leur impuissance et leur complicité dans la survivance de l’obscurantisme au nom de la défense des traditions et des « valeurs africaines ».
Vers la légalisation des mutilations sexuelles féminines ?
Sous la pression de l’opinion publique internationale et des mouvements de femmes africaines se battant pour l’interdiction de la pratique de l’excision, certains États africains ont fini par accepter de pondre des lois dans ce sens mais sans mettre le poids de l’appareil d’État pour lutter véritablement contre cette pratique moyenâgeuse mutilatrice. Il n’est pas alors étonnant que l’excision ne recule pas, même là où elle est interdite officiellement.
Récemment en Gambie, Adama Barrow (arrivé au pouvoir en janvier 2017) a tenté de supprimer une loi datant de 2015 pénalisant l’excision. Il a cédé aux forces réactionnaires traditionalistes et religieuses qui s’opposent à ce que soient introduites dans ce pays des normes qualifiées d’ « occidentales » au détriment des coutumes ancestrales qu’ils veulent perpétuer jusqu’à la fin des temps !
Malgré des menaces et des pressions venues de ces milieux réactionnaires, des femmes ont osé sortir dans la rue le 18 mars 2024 pour protester contre le projet de loi dépénalisant l’excision. Leur mobilisation, même si elle n’a pas encore abouti à l’abandon définitif de ce projet de loi, a déjà permis de le suspendre, mais pour combien de temps encore ? Ce qui est sûr c’est que le gouvernement d’Adama Barrow compte plus sur l’appui des milieux traditionalistes musulmans entre autres, que sur celui des organisations qui luttent contre les violences faites aux femmes.
Élection d’un polygame à la présidence du Sénégal.
Au Sénégal aussi il y a des associations de femmes qui luttent depuis plusieurs années contre les mutilations sexuelles imposées aux jeunes filles mais aussi contre les mariages forcés et autres coutumes rabaissant les femmes à la position d’inférieure par rapport aux hommes. Mais avec l’arrivée au pouvoir d’un polygame avéré comme Diomaye Faye, il est sûr que ces associations ne pourront pas compter sur lui pour les aider à lutter contre l’oppression et les violences faites aux femmes. Lui comme Ousmane Sonko, le président de son parti politique (le Pastef) et en même temps son actuel Premier ministre, se sont surtout distingués par leur alignement devant les grands marabouts réactionnaires qui règnent comme des monarques intouchables dans leurs fiefs de Touba et autres « lieux saints » du pays.
C’est toute la société capitaliste qui est basée sur la violence et l’exploitation.
Pour les travailleurs qui veulent bâtir une société plus juste et plus humaine, de même que pour celles et ceux qui veulent une société égalitaires permettant aux femmes et aux hommes de vivre sans oppression, c’est le même combat contre le capitalisme et contre toute forme d’exploitation de l’homme par l’homme qui permettra de libérer toute la société des entraves héritées des temps immémoriaux.