Madagascar – Le ras-le-bol des travailleurs s’est exprimé dans les rues
De nombreux travailleurs du pays ont saisi l’occasion du 1ermai pour être présents en grand nombre dans les rues des grandes villes du pays. Depuis plusieurs jours des groupes se formaient ça et là dans les quartiers populaires pour se faire entendre et pour dénoncer les injustices auxquelles ils sont confrontés au quotidien. De nombreuses voix se faisaient entendre pour dénoncer la dégradation des conditions de travail principalement dans les zones industrielles dites franches et dans les ports : lorsqu’il y a des coupures d’eau dans les ateliers, les patrons poussent l’arrogance jusqu’à défalquer leur manque à gagner sur le peu qu’ils payent à leurs salariés.
Parmi les maux endurés par les travailleurs, des porte-paroles en ont dénoncé quelques-uns, à savoir qu’ils vivent dans des conditions de misère, soulignant le besoin urgent de protection sociale y compris pour les travailleurs du secteur informel qui eux sont totalement délaissés, privés de protection sociale, de droit à la retraite et de sécurité sanitaire. Selon de récentes déclarations de Hanitra Razakaboana actuelle ministre du Travail, ceux du secteur informel constituent 90% des personnes actives. Le chômage frappe fort la jeunesse aussi puisque sur dix à douze millions de jeunes en recherche d’emploi cette année, seuls 600 000 en auraient trouvé, précaire et mal payé, après tout un parcours du combattant.
Une augmentation des salaires correspondant à environ 10% selon des considérations catégorielles compliquées, a été accordée par le gouvernement et les entreprises sont censées appliquer cette mesure depuis le début du mois d’avril. Dans les faits elles font comme si elles n’étaient pas au courant. En 2023 une hausse similaire avait été annoncée mais bien peu de patrons l’ont accordée, sous prétexte que le décret d’application n’était pas paru, lequel décret n’est finalement sorti qu’en avril 2024. Le patronat est bien conscient qu’il n’a rien à craindre venant du pouvoir en place.
Lors de cette journée du 1er mai dans la capitale, comme à leur habitude, les dirigeants syndicaux ont dénoncé pêle-mêle toutes ces injustices. Ils ont même« poussé des cris d’alarme » lors d’une conférence de presse, sans pour autant proposer d’autres perspectives aux travailleurs que celle d’être présents au boulot dès le 2 mai.
Avec des représentants aussi veules, les travailleurs malgaches sont loin de pouvoir arracher quoi que ce soit qui puisse améliorer leurs conditions d’existence.