Leur société – Quand la fête de l’igname rime avec le mangement !
Le « palais royal d’Abengourou » a célébré la fête de l’igname le vendredi 22 mars, en présence de nombreux ministres et de hauts dignitaires venant de tous les bords politiques. C’est que les élections présidentielles de 2025 approchent à grands pas et l’opération séduction des populations est en marche. Chacun fait son calcul pour être en meilleure position pour « manger » quand son camp parviendra au pouvoir.
Ce « Roi » du nom de « Nanan Boa Kouassi III » a saisi cette occasion pour « lancer un appel aux jeunes de la cité », leur demandant « de vivre éloignés des vices » que seraient « le sexe, la drogue, l’alcool, la délinquance et la cigarette ». Il a aussi exprimé « sa reconnaissance » à Alassane Ouattara. Manifestement, être du côté d’un pouvoir qui bafoue la dignité des travailleurs et qui permet aux capitalistes de les exploiter comme des forçats n’est pas considéré comme un « vice » à ses yeux.
Ce beau monde de têtes couronnées et habillé à la couleur locale, dont les uns mangent peut-être des ignames, d’autres de l’attiéké, du riz ou du kabato, fait partie du monde des riches. L’habit ne fait pas le moine, dit-on, mais entre parasites et exploiteurs on se fréquente presque naturellement. D’ailleurs, le fils de ce « Roi », un certain Roger Félix Adom, est né et a fait ses hautes études en France. Bien difficile d’imaginer que c’est avec l’argent de l’igname d’Abengourou qu’il a pu faire tout ça ! Il a été aussi à deux reprises, ministre sous Ouattara avant d’être installé au poste de bras droit de Bacongo Cissé, l’actuel secrétaire national du Rhdp, celui-là même qui est en train de raser les quartiers pauvres à Abidjan.
Alors, ce « Roi Nanan Boa Kouassi III » a beau jeu de faire de la morale à quatre sous aux jeunes, mais ceux-ci doivent penser bien de choses des gens qui font des fêtes avec ceux qui détruisent les maisons des pauvres à Abidjan.
Tous ces hauts dignitaires ivoiriens, leurs enfants, leur famille et eux-mêmes, n’habitent pas les mêmes quartiers que les pauvres. Ils ne se soignent pas dans les mêmes centres de santé et les mêmes hôpitaux que les pauvres, là où la mort vous guète à chaque instant. Leurs enfants ne naissent pas dans les mêmes maternités et ne fréquentent pas les écoles pourries réservées aux enfants des pauvres.
Alors, manger des ignames, tout le monde le voudrait bien, sauf qu’à Abidjan son prix est si cher et le revenu des travailleurs si bas que cela fait longtemps que le riz est devenu l’igname du pauvre. Et encore, il s’agit du riz de seconde ou de troisième catégorie, que les riches donneraient peut-être à manger à leurs animaux !