Leur société – Les hôpitaux publics, un mouroir pour pauvre !
Nous relatons ci-après le témoignage d’un travailleur : « je réside dans la commune d’Abobo, l’une des plus populeuses d’Abidjan. Le samedi 16 mars au matin, j’ai été obligé d’hospitaliser dans un centre de santé de proximité mon frère qui a fait une crise de paludisme aigue. Malgré les soins, son état ne s’améliorait pas. Il a donc été évacué d’urgence au CHR Houphouët Boigny d’Abobo, le dimanche vers 1h du matin. Aux urgences de cet hôpital, nous avons dû attendre près de 30 minutes sans assistance. Il a fallu négocier avant d’être pris en charge et obtenir un lit.
Le lit qui a été ainsi libéré était encore tâché du sang du patient précédant. Les murs de la salle d’hospitalisation en étaient aussi badigeonnés. Cela avait plus l’air d’une salle de torture que d’une chambre d’hôpital. Après un nettoyage sommaire, nous avons été installés et les soins ont commencé.
Comme c’était un dimanche, il n’avait qu’un seul médecin aux urgences, secondé par des élèves infirmiers. Ils étaient débordés et il fallait à chaque fois leur courir après pour la moindre intervention. Ils devaient s’occuper d’une vingtaine de lits. Il y a eu pas moins de 5 décès.
Dans cet hôpital public tout est payant, de la compresse au moindre médicament. Un patient qui arrive sans être accompagné est laissé pour compte jusqu’à l’arrivée d’un parent en mesure de payer pour ses soins. Ce fut le cas ce jour-là d’un joggeur qui a piqué une crise en chemin et a été évacué dans la matinée par les sapeurs-pompiers. Il était inconscient et n’avait pas de téléphone sur lui. Heureusement pour lui, ses parents se sont présentés en début d’après-midi avant qu’il ne soit trop tard.
De notre côté, dès que le malade a présenté quelques signes d’amélioration, nous avons été libérés dans la soirée avec une ordonnance pour continuer les soins à la maison. Il fallait faire la place à d’autres malades qui n’ont cessé d’affluer tout au long de la journée.
Il va sans dire que le malade n’a pas mis longtemps pour rechuter. Il a été guéri peut être du paludisme, mais son foie et ces reins ont pris un coup. Et nous voilà reparti pour de nouveaux soins et des séances de dialyses.
Le montant des frais liés aux soins commence à peser sur la famille et on s’interroge sérieusement sur la possibilité de l’expédier au village ».
Cela sous-entend, le laisser mourir pour amoindrir les frais liés aux obsèques. C’est là le sort réservé à de nombreuses familles ouvrières.