Côte d’Ivoire – Ceux qui font leur beurre avec le cacao
Avec le prix du cacao qui atteint les 6050 FCFA le kilogramme sur le marché mondial, les capitalistes font leur beurre et ramassent en même temps l’argent du beurre. Qui sont-ils ?
Ce sont d’abord, bien sûr, les sociétés multinationales telles que Nestlé, Hershey, Barry Callebaut et autre Cargill, qui font de la spéculation après avoir acheté cette production à 1000 Fr le kilogramme au prix bord-champ. Même si le gouvernement vient de fixer le nouveau prix d’achat à 1500 Fr lors de la « petite campagne » qui arrive, cela ne mettra pas ces multinationales sur la paille, vu le niveau du prix actuel du cacao à l’international.
À côté de ces multinationales, il y a les « gros planteurs », dont ces hauts dignitaires du pouvoir, qui ont fait fortune à l’ombre de l’État et sous sa protection, depuis la présidence d’Houphouët-Boigny. Beaucoup d’entre eux possèdent des centaines d’hectares chacun. Le plus connu étant un certain Aka Georges Blehoué, un proche de Gbagbo décédé en 2021. Il était aussi le « Président du Conseil national des sages » de la filière Café-Cacao. Il possédait 2000 ha de cultures diverses dont des plantations de cacao.
Les Bédié, Kablan Duncan et compagnie ne doivent pas être bien loin. Comme de nombreux dignitaires, ils se cachent parfois derrière des prête-noms. Ceux qui portent le titre de « gros planteurs », ne plantent pas eux-mêmes le cacao qui fait leur fortune, tout comme les multinationales n’ont pas besoin de posséder un seul hectare de plantation pour s’enrichir avec le cacao, le coton, le palmier à huile, l’hévéa et autres.
Ce sont les ouvriers qui sont à la base de la production du cacao, comme de toutes les productions. Ici, en premier, il y a les ouvriers agricoles dont beaucoup sont originaires des pays voisins, venus migrer en Côte d’Ivoire pour trouver du travail. L’agriculture est une grande pourvoyeuse de main-d’œuvre, y compris de main-d’œuvre infantile. Après les ouvriers agricoles, il y a toute la chaine d’ouvriers qui œuvrent à différentes étapes de la production jusqu’au chargement des bateaux.
Même si le nouveau prix du cacao est passé de 1000 Fr à 1500 Fr, on peut être certain qu’aucun de ces capitalistes, ni les multinationales, ni ces gros planteurs, n’augmenteront les salaires des travailleurs qui sont pourtant bien à l’origine de toute cette richesse.